PROBLEMATIQUES

DÉVELOPPER LE VÉGÉTAL À PARIS

Friday 19 January 2007

Les nouvelles règles du Plan local d’urbanisme de Paris

Paris est une ville ancienne où les terrains pour réaliser des jardins sont peu nombreux.

La Ville introduit dans le PLU le coefficient de biotope.

La capitale est une ville dense et ancienne, au centre d’une agglomĂ©ration urbaine de plus de 9 millions d’habitants. Les terrains disponibles pour rĂ©aliser des jardins sont rares.

Paris dispose d’environ 3000 ha d’espaces plantĂ©s, c’est-Ă -dire 14,5 m2 ou 5,8 m2 par habitant selon que sont comptĂ©s ou non les deux bois.

Pour comparaison :

- Amsterdam dispose de 36 m2 d’espace vert par habitant
- Londres de 45 m2
- Bruxelles de 59 m2
- Madrid de 68 m2
- Vienne 131 m2
- Rome 321 m2

30 hectares d’espaces verts supplĂ©mentaires dans les prochaines annĂ©es

La Ville a prĂ©vu d’ouvrir au public 30 hectares d’espaces verts supplĂ©mentaires dans les prochaines annĂ©es. Ce programme inclut plusieurs grands jardins comme aux Batignolles (17ème ), cour du Maroc (18ème ), ou encore Ă  Paris Rive Gauche (13ème ). La crĂ©ation de petits jardins de voisinage dans les quartiers est Ă©galement prĂ©vue dans le but de participer Ă  l’amĂ©lioration de la vie locale et au dĂ©veloppement de la biodiversitĂ©.

Mais comment développer encore la végétalisation de Paris?

C’est la question Ă  laquelle l’administration parisienne a Ă©tĂ© confrontĂ©e au moment de la rĂ©vision du Plan local d’urbanisme (PLU).

Après rĂ©flexion et concertation, la Ville propose d’introduire dans sa rĂ©glementation urbaine un concept fondamentalement nouveau, celui de «coefficient de biotope[1]» ou de vĂ©gĂ©talisation des constructions dans la ville. Ainsi, pourra continuer Ă  se dĂ©velopper et Ă  s’amĂ©liorer le biotope gĂ©nĂ©ral des quartiers parisiens.

Concrètement, les futures constructions et les rĂ©habilitations importantes devront dorĂ©navant intĂ©grer dans leurs projets un coefficient de vĂ©gĂ©talisation, ou coefficient de biotope. Ce taux sera d’autant plus important que le quartier est pauvre en espace vert et en vĂ©gĂ©tation. Ce type de coefficient est dĂ©jĂ  appliquĂ© dans plusieurs villes d’Europe du Nord et en Allemagne en particulier Ă  Berlin.

Les caractéristiques du secteur le plus déficitaire en espaces verts de Paris

Le secteur de Paris en plus fort dĂ©ficit couvre 27 % du territoire hors bois, comporte une densitĂ© bâtie très forte de 3,6 et prĂ©sente un coefficient d’emprise des constructions (emprises bâties des parcelles rapportĂ©es Ă  la surface totale des parcelles du secteur) particulièrement Ă©levĂ© de 0,6. ( = 60 % du territoire de ce secteur sont occupĂ©s par des bâtiments contre 40 % environ en moyenne Ă  Paris.)

Les arrondissements les plus dĂ©ficitaires sont dans l’ordre les 2ème, 9ème, 11ème, 10ème, 3ème, 4ème, suivent les 17ème et 18ème.

L’introduction du coefficient de biotope

L’avantage principal de ce coefficient est de chercher Ă  concilier quantitĂ© et qualitĂ©, puisque l’indice sera calculĂ© non seulement en fonction de la surface de la couverture vĂ©gĂ©tale, mais Ă©galement de la qualitĂ© du support.

Jusqu’alors la surface minimale d’espaces libres Ă  rĂ©aliser pour les nouveaux projets Ă©tait fixĂ©e Ă  50 % de la surface du terrain situĂ©e hors bande constructible (E) de 20 mètres de profondeur en bordure de rue.

Dans cet espace, les constructeurs avaient le choix entre aménager la moitié de cette surface en pleine

terre, ou rĂ©aliser sur la totalitĂ© de la surface, des espaces libres sur dalle Ă  condition de disposer d’une Ă©paisseur de terre d’au moins 2 mètres. Les constructeurs ont le plus souvent optĂ© pour cette seconde solution, mais en ne respectant que rarement l’Ă©paisseur de terre vĂ©gĂ©tale requise, très coĂ»teuse Ă  mettre en Ĺ“uvre.

Dans le nouveau Plan local d’urbanisme, la possibilitĂ© de rĂ©aliser tous les espaces libres sur dalle est supprimĂ©e. Le constructeur est tenu d’amĂ©nager en pleine terre 20 % du terrain situĂ© hors bande (E ) (rĂ©duite Ă  15 mètres), soit 40 % des espaces libres.

Il doit en outre crĂ©er des surfaces vĂ©gĂ©talisĂ©es supplĂ©mentaires selon la zone de dĂ©ficit vĂ©gĂ©tal dans laquelle se situe le terrain (20 ou 30 % des espaces libres). S’il ne peut pas amĂ©nager cette surface supplĂ©mentaire en pleine terre il devra « vĂ©gĂ©taliser » sa construction par des toitures-terrasse plantĂ©es, un ou des murs vĂ©gĂ©talisĂ©s, etc.

Recensement de l’ensemble des espaces vĂ©gĂ©talisĂ©s de Paris,

• Les espaces verts ouverts au public: qui couvrent une superficie d’environ 500 hectares (hors bois de Boulogne et de Vincennes) auxquels il convient d’ajouter les jardins propriĂ©tĂ© de l’État et du SĂ©nat.

• Les Bois de Boulogne et de Vincennes qui occupent respectivement une superficie de 846 et 995 hectares.

• Les « espaces verts protégés »: au nombre de 1428 qui couvrent une superficie de 236 hectares.

• Les espaces plantés des équipements publics: 20,5 hectares inclus les terrains de sports : 13,5 hectares

• Les cimetières.

• Les talus plantés, notamment le long du boulevard périphérique: 58 hectares.

• Les espaces plantés de la Petite Ceinture.

• Les espaces plantés des ensembles de villas et de hameaux (ex zones UL du POS).

• Les arbres d’alignement au nombre de 92500 qui qualifient le paysage de nombreuses avenues et rues =

• Les surfaces des quais et des plans d’eaux, Seine et canaux qui participent Ă©galement Ă  la continuitĂ© de la diversitĂ© biologique dans la capitale.

Un défi nouveau pour les architectes

Cette dĂ©marche traduit plus qu’une simple volontĂ© de compenser les carences de l’environnement urbain en matière d’espaces verts et de vĂ©gĂ©tation. Elle est l’expression d’une nouvelle apprĂ©hension du rĂ´le et de la place de la nature dans le paysage urbain. La nature dans la ville n’est pas le seul Ă©lĂ©ment visuel d’une toile de fond, « lĂ  pour faire beau », comme on dit parfois.

La verdure ne se justifie pas seulement par des considérations hygiénistes, sanitaires et/ou esthétiques. Elle est un élément de la ville à part entière et de la qualité de vie en ville.



[1] Le biotope est constituĂ© par l’ensemble des milieux naturels ou artificiels, publics ou privĂ©s, susceptibles d’accueillir la vie sous forme vĂ©gĂ©tale ou animale associĂ©e ou non.