DENSITE VECUE / DENSITE PERCUE

Quel tissu urbain est le mieux apprécié, comment sont perçues les densités de constructions et d’habitants, quel est le meilleur rapport entre espace libre et espace construit pour le bien-être des habitants, quels sont les liens entre densité et satisfaction résidentielle ?

UNE ENQUETE A PARIS

L’APUR a mené une enquête en 2003, elle a consisté à aller interroger les habitants dans 4 quartiers «contrastés», c’est-à-dire «objectivement» plus ou moins denses. Ont été notamment distingués les COS bruts, nets, les CES, la densité de fréquentation (population et emploi). Le profil sociologique des secteurs a également été pris en compte.

1/ Le questionnaire a porté sur :

  • - le cadre architectural et urbain
  • - la vie sociale
  • - les services et les équipements
  • - les nuisances et la maintenance les sentiments à l’égard du quartier dont le vécu de la densité bâtie et de population
  • - l’évaluation du confort dans le logement.
  • - Pour chaque quartier, une centaine d’adresses a été tirée de façon aléatoire.

2/ Les quartiers :

  • - Le secteur Rochechouart (9ème ) COS de 4,5 présente les niveaux de densité bâtie et de fréquentation les plus élevés, associé à un tissu urbain très ancien (80% des logements construits avant 1915) continu et très resserré.
  • - Le secteur de la Roquette (11ème) COS de 3,4 se caractérise plutôt par un habitat de type faubourien.
  • - Le secteur du quartier Jeanne d’Arc (13ème) COS de 3,15 a été considérablement remanié dans les années 1960-1970 et également au cours des décennies suivantes.
  • - Le secteur Falguière (15ème) COS de 1,93 touché par l’urbanisme des années 1960, présente des densités assez faibles pour un tissu urbain assez composite.

Le profil socioprofessionnel des secteurs Rochechouart (9ème) et Falguière (15ème) se caractérise par une forte proportion des cadres et professions intellectuelles supérieures a contrario des secteurs de La Roquette (11ème) et Jeanne d’Arc (13ème) qui se distinguent par une plus forte proportion d’employés et d’ouvriers.

3/ Les résultats

Le résultat principal est le suivant : dans les deux secteurs du 13ème et du 15ème une majorité de personnes dit souffrir de trop de densité bâtie.

Ce résultat souligne l’écart qu’il peut y avoir entre les mesures de densité objective et l’expérience qu’en ont les usagers.

- la hauteur du bâti

L’analyse approfondie des résultats de l’enquête fait apparaître que la hauteur objective des bâtiments constitue un critère objectif déterminant de la perception de la densité ; plus les habitants vivent dans des immeubles hauts et plus ils ont tendance à considérer, non seulement que la hauteur des bâtiments est oppressante, mais encore qu’il y a trop de constructions dans leur quartier.

- le tissu continu et resserré

Par ailleurs, le tissu continu et resserré des quartiers anciens, la hauteur quasi identique (R+7) des bâtiments haussmanniens et néo-haussmanniens procurent davantage des sentiments d’intimité et de bien-être que d’oppression.

- les petits immeubles

Enfin, les petits immeubles, considérés comme étant à échelle humaine, faciliteraient les échanges entre les habitants. « Les constructions n’étant pas trop hautes, on n’a pas l’impression d’étouffer. Il n’y a pas de gros ensembles. Tout reste à échelle humaine et convivial : une concierge pour 20 personnes environ ».

- l’animation du quartier : commerces, loisirs, espaces vert…

Les habitants de Rochechouart (9ème) et de la Roquette (11ème) ont une appréciation plus positive de la densité sociale que ceux de Jeanne d’Arc (13ème) et Falguière (15ème).

En effet, les relations sociales sont jugées plus superficielles à Falguière (15ème) et Jeanne d’Arc (13ème) à l’inverse le respect mutuel entre les habitants paraît plus présent à Rochechouart (9ème) et à la Roquette (11ème).

Les commerces de proximité sont jugés insuffisants dans les quartiers Falguière et Jeanne d’Arc et la fréquentation des lieux de convivialité (cafés, bars, restaurants..) est la plus basse à Falguière, probablement parce que ce type de services manque au quartier.

ANALYSE DES RESULTATS

1/ des immeubles à taille « inhumaine »

Des études sur la dimension des immeubles, sur les relations de voisinage et le bien-être des habitants ont montré que les immeubles comprenant un grand nombre de logements favorisent le sentiment d’anonymat et rendent plus difficile le contrôle des interactions sociales.

Les habitants sont soumis dans les espaces communs à un plus grand nombre de contacts informels, imprévisibles, susceptibles de provoquer des sentiments d’entassement et un manque d’intimité.

Face à une surcharge d’interactions sociales, les habitants adoptent des comportements de repli sur soi, voire d’évitement des contacts qui rendent plus difficiles l’établissement de relations de solidarité.

2/ la densité sociale, appréciée lorsqu’elle est synonyme d’animation

Certains interlocuteurs ont affirmé que « la forme de constructions importait moins que la possibilité de se divertir, les activités culturelles et rencontrer des gens ».

D’autres ajoutent « c’est le caractère animé ou non du quartier qui influence la qualité de vie et celui- ci dépend beaucoup de la présence des lieux de loisirs, de culture ou de convivialité »

3/ le manque d’espaces verts : une constante

Les espaces verts et les arbres sont jugés peu nombreux quel que soit le quartier. Ils apparaissent également très insuffisants pour les jeunes générations (moins de 39 ans), dont on peut supposer qu’ils recherchent ces espaces pour leurs enfants, dont les activités ludiques sont fortement contraintes par l’espace étriqué des logements parisiens.

CONCLUSION

Les fortes densités semblent bien vécues, lorsqu’elles s’accompagnent d’une diversité des populations et des activités susceptibles de créer une véritable animation favorisant les échanges choisis entre les habitants (cafés, bars, restaurants¼espaces verts et espaces de jeux)

En savoir plus : Quelle forme urbaine pour quelle densité vécue? (pdf)
note de 4 pages de l’APUR

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